dimanche 8 novembre 2015

les auteurs sont-ils réduits à être des masochistes et des esclaves ? (partie 2)


   Combien de générations d'artistes va-t-on encore sacrifier sur l'autel de la gourmandise d'une bande de polichinelles acerbes et méprisants ? (vous savez de quoi je parle : voyez les propos de certains éditeurs dans d'autres articles que je publierai sur ce blog - véridiques.) Ces générations d'artistes qui ont mené à des sommets des hommes et des femmes sans talent, à part celui d'empocher des sacs de blés ?
   Le blé, certains savent le moissonner, de nombreux éditeurs, notamment, mais le blé, c'est nous qui le plantons et l'abreuvons de vos vies.
Une fois mort, notre blé sera toujours là, sous l'oeil du prédateur avide qui sous prétexte de faire redécouvrir ou déterrer des classiques, viendra encore nourrir d'or son escarcelle. Alors que durant toute notre existence, nous aurons gratté la terre à la recherche de quelques piécettes de plus pour manger.
  Comment pouvons-nous accepter cette injustice ? N'avons-nous pas le droit de survivre comme tout le monde ?
  À quoi servons-nous dans ce monde ? Nous autres, les artistes, où est notre place ?
  Et vous êtes-vous demandé où était celle de l'éditeur ?
  Produit-il quelque chose, lui ?
  Il attend à ce que vous bougiez votre petit cul du champs de piécettes et à ce que vous alliez vendre, dédicacer, faire votre promotion ; sans rétribution, sauf celle que vous aurez l'année prochaine, lorsque tout le monde aura empoché le pactole et qu'on vous servira sur un plateau votre misérable pourcentage ; ou pas, ce qui arrive aussi.
   Et si vous vendez peu, ce sera de votre faute. Évidemment.
   Les esclaves ont toujours tord. Surtout lorsqu'ils se sont enchainés tout seul en signant et paraphant des contrats d'édition (de cessions de propriété) merdiques. Et j'en vois qui dénonce les 6% (voire moins), qu'ils perçoivent sur les livres jeunesse. Et ces mêmes personnes résignées continuent de signer ce genre de contrats – d'autres jouent avec l'éditeur au ping-pong, en envoyant des lettres outrées pour ouvrir la discussion. Vous croyez vraiment qu'ils vont revaloriser vos salaires, vous écouter ? Sérieusement ? Alors que rien ne les y oblige, que vous êtes leurs vaches à lait ? 
 https://www.actualitte.com/article/tribunes/mal-remunere-deconsidere-l-auteur-est-trop-souvent-exploite/59640
   Et en plus, vous dénoncez le fait que les autres auteurs sont à 8-10%, pas vous, histoire de bien nous monter les uns contre les autres. Qui manie a badine et le fouet ? Les auteurs ne choisissent pas leur pourcentage, ils le subissent.
  Vous essayez de discuter avec des personnes qui ne vous respectent pas et vous infantilisent.
   C'est à croire que les auteurs sont tous une bande d'esclaves masochistes ! Si vous aimez le fouet et les mensonges, lisez cette horrible poème, vous identifiez-vous ? (ATTENTION : ces propos sont choquants, malheureusement, ils sont aussi plutôt vrais.)

Oh oui, éditeur, fouettez moi l'arrière train
Que je sabre un nouveau manuscrit à l'encre de mon sein,
Oh oui éditeur, faites moi suer dans l'arrière cour
de la publication, qu'à coups de badine et sans un sous, j'en fasse tout le tour,
Et cela jusqu'à ce que les étoiles de blés (argents) suintent de tous les pores de ma peau,
 Ou pas, les auteurs courent les rues, alors que je sois pendu, mon brave bourreau,

Oh oui, éditeur, je serais votre esclave, toujours en émoi,
à six-huit pourcent, je lécherai votre tirelire cent fois,
Jusqu'à ce qu'elle reluise de plaisir, puis trop tard, je perdrai la foi :
"Vilain goujat, vous ne respectez point mon droit de survivre,
Votre comportement indigne me rend tout(e) ivre,
Vous me faites tant de fausses promesses,

Oh, un autre contrat, non, je ne céderai pas face à votre proposition pécheresse,
Oh oui mon grand éditeur, vous me faites du bien avec vos fausses largesses,
Un petite signature, je dois parapher toutes ces pages, c'est cochon,
Soyez plus doux avec toutes ces clauses qui me perforent, voyons,
Vous savez bien comme elles m'irritent l'inspiration."
   Ce poème caricatural se base sur des faits réels : on vous ***** et vous vous y résignez, signez à nouveau. Une autre voie est possible !
  Alors, quand nous lèverons-nous, récupérerons nos bds ou nos livres et nous allierons-nous aux libraires et à nos pairs, en outrepassant notre "fonction" d'esclave ? 
   Qu'attendons-nous pour briser nos chaines ? De toute façon, rare sont ceux qui vivent de leurs arts, alors qu'avons-nous à perdre à partager modestement nos oeuvres en les imprimant au coup par coup ? Sans jouer le jeu des requins ?
   Reprenons notre liberté.
   De quoi avez-vous peur en vous auto-éditant ? De perdre votre "professionnalisme" ?
   Mais vous n'êtes pas des professionnels ! Vous ne vous faites pas payer vos frais de déplacements, etc et vos heures de dédicaces en salons du livre, bibliothèque ou en librairie. Quelle profession ne se fait pas payer tout ça, à part la notre ?
   Et par pitié, bdistes, ne taclez pas les autres auteurs plus littéraires, parce qu'ils ne dessinent pas lors des dédicaces. Un salon, ça dure de 10h à 18h pour tous les auteurs : c'est quantifiable, ça doit-être payé. Y a pas besoin d'arguments de pénibilité ou de dire qui fait quoi, qui fait plus : en revanche, vous pouvez négocier un taux horaire différent, on ne vous en tiendra pas rigueur. Ne jouez pas à nous dresser les uns contre les autres. :(

La meilleure solution pour s'en sortir :
Ne signez plus de contrats d'esclavage.
Auto-publiez-vous avec un groupe d'auteurs !
Cotisez-vous pour l'impression !
Entraidez-vous pour les corrections !
Mettez-vous en association !
Et partez à l'assaut des salons et des libraires !
Ou négociez avec les éditeurs "d'applomb" et faîtes vous payer vos déplacements et vos heures de dédicaces ! Faîtes-vous respecter et payer pour votre travail !

Et maintenant, c'est l'éditeur qui fait la littérature !
http://www.lexpress.fr/culture/livre/qui-fait-la-litterature_1132418.html

Et si la ministre le dit, c'est qu'elle l'a entendu quelque part. (pas mal d'éditeurs le pensent ; alors qu'ils n'écrivent pas...) 

ATTENTION : il serait malsain de faire un amalgame, je ne le répéterai jamais assez sur ce blog : tous les éditeurs ne sont pas des escrocs esclavagistes démoniaques et tous les auteurs, pas des honnêtes esclaves angéliques. Par exemple, une poignée (?) d'éditeurs se battent pour leurs auteurs. Et une poignée d'auteurs (?) (au melon gros comme une pastèque) le leur rendent très mal.

Dans les deux cas, les auteurs ont bel et bien les chevilles enflés, la plupart à cause du boulet et des chaînes qui les blessent, d'autres, parce qu'ils ont une maladie psychique : "le narcissisme littéraire" ou encore "l'orgueil" ou "le livre parfait". Généralement, ils ne publient pas de deuxième livre, ceux-là.

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"Mon histoire ne s'accorde ni à leur monde, ni à leur mode de vie; leurs vies et la mienne ne suivent pas le même chemin. J'ai un bien autre monde en tête, qui porte dans le même coeur son amère douceur et sa peine aimée, le ravissement de son coeur et la douleur de l'attente, la joie de la vie et la tristesse de la mort, la joie de la mort et la tristesse de la vie. En ce monde, laissez moi avoir mon monde, et être damné avec lui ou sauvé avec lui."

Gottfried de Strasbourg

"Quand Ils parlent d'espérances trompées,
De Tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater les coeurs;
leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air des cercles éblouissant;
Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang."


Extrait de La Muse, d'Alfred Musset, tiré du recueil les Nuits de Mai