dimanche 9 janvier 2011

Extrait de Nom d'héros

Voilà un court passage situé dans le chapitre VII dédié à Bengi ; l'un des personnages principaux du livre. Bon ce roman est loin d'être terminé, mais j'avais envie de partager avec vous cette scène située vers le début. (Bien entendu, c'est un premier jet, même si je l'ai un peu retravaillé, donc si vous apercevez des fautes ou autres, n'hésitez pas à m'en faire part dans un commentaire.) 

Bonne lecture ! 
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[...]
Jonas Henn était son voisin de pallier. Toujours chaussé de cuir et coiffé d’une perruque, il adoptait souvent la démarche d’un volatile de haut plumage. Outre cet aspect agaçant de sa personnalité et de son physique, il était très honnête dans ses démarches professionnelles, et très demandé dans les hautes sphères d’Avalon City. Sans lui, Bengi aurait mis bien plus longtemps à lancer son affaire de comptabilité. Qui possédait l’oreille de Jonas Henn, avait celle de tous les sièges sociaux de la ville. Ce dernier connaissait aussi des hommes politiques influents à travers le pays, et le monde. Il prétendait même être en contact avec des colons de Mars, notamment le président actuel des cités martiennes libres.
   Bengi claqua des doigts, et la porte s’ouvrit toute seule. Il avait pris soin d’enfiler une tenue plus appropriée, un costard noir, une cravate blanche et des souliers en cuir. L’homme le dominait ; un parfum féminin embauma l’air. Les yeux bridés de Bengi se plissèrent de scepticisme.  Jonas Henn faisait littéralement barrage dans l’encadrement, l’empêchant de voir au-delà de sa stature de géant.
  — Nous nous connaissons depuis déjà quelques années, Bengi. J’aurais vraiment besoin que vous me rendiez ce service ! s’exclama-t-il en lui serrant la main.
  — Attendez, de quoi…
  — Oh, c’est bon, mon oncle, arrêtez avec vos fioritures !
Une jeune femme toute menue se glissa entre l’embrassure de la porte et le flanc de Jonas. Ce dernier froissa sa cravate avec embarras. Elle avait des cheveux noirs mi-long et un air maladroit, controversé par le feu qui couvait dans ses prunelles.
   — Je m’appelle Nélada, déclara-t-elle en le détaillant de la tête au pied, vous êtes Bengi. Mon oncle part en voyage d’affaire pendant une semaine, alors il a décidé de m’envoyer chez vous. Et bien sûr, vous ne refuserez pas, puisqu’il vous a rendu des services pas le passé.
  — Nélada ! s’offensa Jonas.
  — Ce n’est que la vérité, mon oncle. Vous n’êtes qu’un fieffé homme machiavélique qui profite de l’honnêteté et de l’éthique d’autrui.
  — Arrêtez avec vos accusations infondées, Nélada.
  — Vous souhaitez juste me mettre à la porte de votre appartement. Je ne suis même pas certaine que vous ayez réellement un voyage d’affaire !
Bengi s’aperçut alors que Jonas bloquait la porte, avec un sourire de circonstance. Cet échange sentait le complot à pleines narines !
    — J’ai déjà connu mieux comme scène de dispute familiale, commenta-t-il sombrement.
    — Je suis désolé, Bengi. Elle a insisté pour réaliser cette pseudo pièce de théâtre étriquée, croyant que vous prendriez pitié d’elle et feriez ses quatre volontés.
    — Je ne m’attendais pas à autre chose de la part d’une femme, observa le jeune homme avec morosité.
   — Je vous la laisse, prenez soin d’elle ; je vous le demande en temps qu’ami. Elle n’est pas facile ; tenez bon !
   — J’espère que vous me revaudrez ça, monsieur Henn.
   — Ne vous inquiétez pas, Bengi, vous aurez une contrepartie financière conséquente.
   — Je possède déjà pas mal d’argent ; seulement, si un jour, j’ai besoin d’informations ou d’un peu d’aide, pourrais-je compter sur vous ?
   — Bien entendu, mon brave. Bien…
   — Arrêtez de m’ignorer ! Toi, la queue de cheval machiste, intervint brusquement Nélada en lui enfonçant l’index dans l’épaule, tu as intérêt à être à la hauteur de ta réputation.
   — Elle a épluché tous les magazines où vous apparaissiez et fait des recherches sur internet, expliqua Jonas avec un air peiné, bon, je vous laisse, j’ai un avion à prendre. Au revoir. Bonne semaine, Nélada, je serais vite de retour.
Il s’éloigna dans le couloir d’une démarche décidée. Nélada fit demi-tour, tout en bloquant la porte d’une jambe, au cas où Bengi l’aurait poussée dehors, et lui cria :
   — Bon vent, oncle indigne !
Elle recula avec une valise rosâtre, bouscula Bengi, et referma la porte avec une douceur trompeuse. Le jeune homme s’éloigna ; un affreux mal de crâne couvait déjà. Réussirait-il à passer une semaine entière avec cette femme ? Il se jetterait pas la fenêtre de la cuisine avant.
[...]

dernière mise à jour le 12 janvier 2010
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Je posterai sans doute des extraits de tous mes projets actuels au cours des prochaines semaines. J'ai décidé d'étoffer la partie "écriture" de mon blog pour mettre en évidence le travail scriptural que je réalise seul dans mon coin depuis déjà des années. Non Héros est un projet très récent, dont j'ai déjà parlé ailleurs sur ce blog ; j'en ai eu l'idée à peu près en même temps que Sans Nom. Je le considère d'ailleurs comme un cran au dessus, pour être honnête. 
 
Bref, bonne fin de soirée.


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"Mon histoire ne s'accorde ni à leur monde, ni à leur mode de vie; leurs vies et la mienne ne suivent pas le même chemin. J'ai un bien autre monde en tête, qui porte dans le même coeur son amère douceur et sa peine aimée, le ravissement de son coeur et la douleur de l'attente, la joie de la vie et la tristesse de la mort, la joie de la mort et la tristesse de la vie. En ce monde, laissez moi avoir mon monde, et être damné avec lui ou sauvé avec lui."

Gottfried de Strasbourg

"Quand Ils parlent d'espérances trompées,
De Tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater les coeurs;
leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air des cercles éblouissant;
Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang."


Extrait de La Muse, d'Alfred Musset, tiré du recueil les Nuits de Mai