samedi 6 mars 2010

Mon petit Pan de Fantaisie

   Un pan de rideau écarlate oscille doucement au niveau d’une fenêtre entrouverte. Il évoque une flamme chétive bousculée par une brise printanière et la couverture veloutée d’un journal intime. Il dissimule des choses et des êtres, des terres et des cieux, des forêts embrumées et des villes mortifères, des océans clairsemés et des abysses embrasés. Il incarne la fluctuation entre l’avenir et le passé, l’inconnu, les terreurs et les espoirs.
   Où que je me place, il me fait toujours face et m’interpelle d’un vague mouvement accusateur, accompagné par le flux malicieux du vent. Il ensanglante mes rêves, me dévoile des lieux horrifiques où s’esquissent des sourires dantesques et des espaces paradisiaques où la lumière colore jusqu’aux bois d’ébène.
  D‘une cruelle inspiration, quelqu’un a esquissé une image de damnation entre ses plis ombragés, puis lacéré sa création. Depuis, ce pan de rideau révèle des failles de ciel clair, où virevoltent quelques anges indistincts. Ainsi, des silhouettes impassibles et sans nom, dansent avec grâce sur les murs de ma prison spirituelle. Voilà pourquoi, mes songes se faufilent, sans cesse, entre les lambeaux de ce rideau, auprès duquel scintille mon petit pan de fantaisie.  

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"Mon histoire ne s'accorde ni à leur monde, ni à leur mode de vie; leurs vies et la mienne ne suivent pas le même chemin. J'ai un bien autre monde en tête, qui porte dans le même coeur son amère douceur et sa peine aimée, le ravissement de son coeur et la douleur de l'attente, la joie de la vie et la tristesse de la mort, la joie de la mort et la tristesse de la vie. En ce monde, laissez moi avoir mon monde, et être damné avec lui ou sauvé avec lui."

Gottfried de Strasbourg

"Quand Ils parlent d'espérances trompées,
De Tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater les coeurs;
leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air des cercles éblouissant;
Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang."


Extrait de La Muse, d'Alfred Musset, tiré du recueil les Nuits de Mai