vendredi 19 février 2010

Carnet Légendaire (7)

Certaines choses ne paient pas de mine. Pourquoi écrire aux alentours de minuit ? Je ne sais pas, l'envie m'en a pris; un peu comme lorsqu'on a une petite faim et qu'on grignote quelques biscuits. De toute manière, on allume pas de feu sans étincelle au préalable. 

J'ai suivi un superbe cours de scénario cette semaine; pas de quoi casser des barres, mais j'ai appris quelques petites choses. Par exemple, la rigueur et l'effort demandés ne sont pas du tout les mêmes que lors de l'écriture d'un roman. (Bon, je m'en doutais un peu, quand même...) Dans le cas d'un long métrage, il faut déplier le tout dans le temps, mais s'en s'étendre, en gardant seulement en vu l'idée principale du récit. D'ailleurs, on a vu que des drames; logique quand on sait que niveau narratif, le drame est le plus explicite. Je déteste bien entendu ce genre trop psychologique et souvent trop morbide à mon goût. Je dois être légèrement sensible aux atmosphères obscures qui parsèment pas mal ces récits. 

Et je n'aime pas ça. Bon, je me répète; et vous vous demandez sans doute où mène ce billet "minuisard". Pas d'inquiétude, il ne va nulle part; pour une fois, il est ancré dans le réel. Bref, j'ai découvert que les scénarios de long métrage et moi, on était deux parties antagonistes. Avec de la pratique, j'arriverai sans doute à en écrire des moyens; ce style est bien trop formaté, bien trop rétréci pour mon champ habituel, bien plus ouvert et étendu. 

C'est là mon point faible et mon point fort; tout mêler, sans de véritables limites, dans mes romans. Voilà pourquoi mes lecteurs peuvent se perdre en route, surtout s'ils ont un sens aigüe de la critique. Le discours doit vous paraître un peu hors de propos; après tout, jamais vous n'avez lu l'une de mes histoires; et à moins que je sois publié un jour, vous ne les découvrirez peut-être jamais. Croyez donc à ce que je raconte; et tout ira bien.

Il est important de se faire des réflexions après avoir lu pour profiter pleinement d'une lecture, même si vous vous ennuyez à mourir. Tiens, d'où est-ce que je tiens cette remarque ?... Passons; je retire de cette expérience, une nouvelle remise en question et de la rigueur, qui me fait parfois défaut. Mais si j'étais trop rigoureux, mes textes seraient formaté à mort et il n'y aurait plus cette petite parcelle de hasard qui fait tout l'éclat d'une histoire. 

N'oubliez jamais que ce que vous prenez pour des maladresses, n'est peut-être que la révélation d'une écriture naturelle, tantôt naïve, tantôt sublime, qui crée un effet d'authenticité. Si tout devient logique à la virgule près, ce n'est plus tout à fait de l'art, mais de la science artistique : 1+1 = 2, quoi. Je crois qu'un scénario est de ce côté là; une action + un point de vue = une sensation. (d'angoisse, par exemple...). Cependant, dans le cadre d'un film, tout doit être donné sans trop alourdir l'image, dans un laps de temps défini; en un sens, cela oblige de posséder cette science artistique. Les écrivains doivent s'en inspirer, cela dit, sans pour autant encore une fois "formater" leurs histoires...

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"Mon histoire ne s'accorde ni à leur monde, ni à leur mode de vie; leurs vies et la mienne ne suivent pas le même chemin. J'ai un bien autre monde en tête, qui porte dans le même coeur son amère douceur et sa peine aimée, le ravissement de son coeur et la douleur de l'attente, la joie de la vie et la tristesse de la mort, la joie de la mort et la tristesse de la vie. En ce monde, laissez moi avoir mon monde, et être damné avec lui ou sauvé avec lui."

Gottfried de Strasbourg

"Quand Ils parlent d'espérances trompées,
De Tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater les coeurs;
leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air des cercles éblouissant;
Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang."


Extrait de La Muse, d'Alfred Musset, tiré du recueil les Nuits de Mai