vendredi 4 juin 2010

J'ai cherché un petit bout de toile; je n'ai trouvé que des lambeaux de papier jauni. On constate tous les jours la présence de personnes extraordinaires sur le pas de notre porte. Laissez moi vous expliquer : on rencontre quelqu'un et là, on s'aperçoit immédiatement qu'on ne joue pas dans la même division. Par exemple, certains s'inscrivent au bon endroit, au bon moment; ils savent saisir l'opportunité, et ils ont ce qu'ils veulent. S'ils ont en plus le bon caractère, tout baigne (ou presque). Et puis,  il y a ceux qui rament, qui se démènent et qui finissent dans un cul de basse fosse. Quoiqu'ils fassent. 

Certes, voilà une bien belle caricature, passée au mixeur. Je ne me plains pas, je constate, et mes ambitions dévalent d'un cran. Pourquoi se casser la tête à briller socialement, quand on a un jardin derrière la maison ? La nature, rien n'est plus beau; tu peux parler à un arbre, il ne t'enverra pas sur les roses. Tu peux observer une fourmis, elle ne croira pas forcément que tu as de mauvaises intentions à son égard. Vive le ciel dégagé, l'air vivifiant; pas le genre à t'observer d'un air blasé ou à te jauger ou à te juger. 
Je déteste une chose par dessus tout : les masques. On en revêt sans cesse, sans même s'en rendre compte. Ils finissent pas nous coller à la peau; par exemple, celui qui caractérise notre fonction. Tiens, toi t'es es employé de telle compagnie, tiens, toi t'es plombier. 

On ignore toujours l'être qui se cache derrière le masque social. On se fiche de cette personne à un point inimaginable. Que ce soit un truand, un gros pervers, un pleutre ou une guimauve, tant qu'il est bien habillé et qu'il parle bien, on ne verra rien. Nous vivons dans une période de cynisme pur. Aucun naturel, juste de l'artifice bon marché. 

Et vous savez quoi ? Silence.

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"Mon histoire ne s'accorde ni à leur monde, ni à leur mode de vie; leurs vies et la mienne ne suivent pas le même chemin. J'ai un bien autre monde en tête, qui porte dans le même coeur son amère douceur et sa peine aimée, le ravissement de son coeur et la douleur de l'attente, la joie de la vie et la tristesse de la mort, la joie de la mort et la tristesse de la vie. En ce monde, laissez moi avoir mon monde, et être damné avec lui ou sauvé avec lui."

Gottfried de Strasbourg

"Quand Ils parlent d'espérances trompées,
De Tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater les coeurs;
leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air des cercles éblouissant;
Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang."


Extrait de La Muse, d'Alfred Musset, tiré du recueil les Nuits de Mai