vendredi 2 décembre 2011

Lames et bougies

Lorsque la lame bouge, les bougies sont soufflées. Quand j'y repense, que je jette un coup d'oeil en arrière, à l'occasion d'une sensation mystérieuse, je m'aperçois de tout le chemin parcouru, au niveau scriptural, surtout. J'ai débuté l'écriture de la Danse du Lys lorsque j'avais treize ans ; on pourra dire que dans quelques mois, dix ans plus tôt, je m'attelais à rédiger la première version du premier tome de cette histoire. 

Il va de soit, que je n'ai jamais arrêté d'écrire durant cette période, malgré des moments de doutes tortueux et d'horizons brumeux. Je continue encore aujourd'hui ; certes, les pages ne défilent pas toujours aussi vite que je le voudrais. Les corrections et les activités liées à elles, prennent un temps fou, en plus d'écrire. Reprendre des passages, ne se fait malheureusement pas en un jour ; et puis, ce premier livre arrive. Je suis encore loin de la fin du quatrième, le troisième est un véritable chantier de style à ficeler ; Sans Nom aussi, ce très long texte écrit durant mes trois années de faculté, cette une véritable noirceur entrecoupée de sanglants échanges et de tristes désillusions : là aussi, je dois me résoudre à trancher dans le vif de la page. 

Cependant, il n'est jamais facile de fendre droit, sans riper sur des os. Cette métaphore est assez morbide, bien qu'elle pose le problème de manière concrète. Si j'enlève tel passage, un pan d'intrigue risque de sauter dans le même mouvement foudroyant. Dilemme, Dilemme... Couper certes, mais de manière précise. La phase de réécriture ne s'élabore pas en peu de temps : des choix sont à réaliser en amont et des hésitations se glissent ici ou là. Je suppose que c'est la raison pour laquelle je rechigne souvent à me glisser dans la peau du  Scriptueur.

J'affûte déjà la pointe de ma plume, avec une certaine détermination anticipée ; même si, je cherche toujours où sectionner, exactement. Une histoire est toujours insatisfaite de la forme qu'elle prendre ; parfois, à l'effigie d'une bête hargneuse qui dévore tout ce qui passe à portée de canine et grandit dans tous les sens au point de devenir informe - ou pire encore, boiteuse.   A son créateur d'y mettre bon ordre... 

Rêveusement vôtre,
G.N.Paradis

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"Mon histoire ne s'accorde ni à leur monde, ni à leur mode de vie; leurs vies et la mienne ne suivent pas le même chemin. J'ai un bien autre monde en tête, qui porte dans le même coeur son amère douceur et sa peine aimée, le ravissement de son coeur et la douleur de l'attente, la joie de la vie et la tristesse de la mort, la joie de la mort et la tristesse de la vie. En ce monde, laissez moi avoir mon monde, et être damné avec lui ou sauvé avec lui."

Gottfried de Strasbourg

"Quand Ils parlent d'espérances trompées,
De Tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater les coeurs;
leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air des cercles éblouissant;
Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang."


Extrait de La Muse, d'Alfred Musset, tiré du recueil les Nuits de Mai